Suite à la mobilisation du weekend dernier dans les Deux-Sèvres, le groupeJustice Climatique Angers propose de nous retrouver pour échanger :
DÉBRIEFE ET PARTAGE DE NOS RESSENTIS Suite aux mobilisations d’octobre et de ce weekend à Sainte-Soline, partageons ce qu’on a ressenti, ce qu’on ressent encore maintenant. Écouter, être écouté, ne pas rester seul… Mais aussi débriefer sur les envies et les stratégies pour la suite. Piquenique convivial autour de la scène de la guinguette du Héron Carré ( Parc Balzac ) SAMEDI 1er AVRIL de 12h à 14h
Soyons nombreu.x.ses à nous réconforter, à nous encourager et imaginons comment rebondir. Ne restons pas seul face à ce déferlement de mépris et de violence. Et surtout, ne prenons pas le risque de devenir… MALPOLI ! Comme cette militante qui sera jugée au tribunal le 20 juin pour insulte envers le président de la République ! Lire ICI.
Ce samedi, dans les champs de Sainte-Soline, nous avons vu un peuple converger joyeusement pour défendre ce bien commun essentiel qu’est l’eau. Nous avons vu de magnifiques personnes, au milieu des gaz et des explosions de grenades assourdissantes, enfiler leur maillot de bain pour monter à l’assaut de ce trou sans eau, armés de canards, de requins, de grenouilles ou de licornes gonflables. Comme l’ont écrit les parents de S. plongé dans le comas, ce sont nos héros ordinaires. Ne les décevons pas.
Le pouvoir est moribond, il s’acharne à faire taire à coups de grenades explosives, de dissolutions et de discours haineux l’humanité et la solidarité qui pulsent dans nos veines. Mais il n’assèchera pas nos cœurs, il n’assèchera pas la Terre.
Rassemblons-nous jeudi 30 mars devant les préfectures à 19 heures. L’APPEL : La brutalité concomitante de la réponse d’État à la poursuite du mouvement des retraites et à la mobilisation de Sainte-Soline est en train de marquer au fer rouge l’histoire du pays. En soutien aux 2 manifestants dans le coma, aux blessé·es de Sainte-Soline et du mouvement des retraites, nous appelons à se rassembler jeudi 30 mars à 19h devant les préfectures du pays. À cette violence de rue, Darmanin ajoute aujourd’hui la persécution légale, avec une procédure de dissolution à l’encontre des Soulèvements.
Face à l’inaction climatique du gouvernement, à son soutien intangible à des lobbys industriels écocidaires et à l’aggravation flagrante de la crise écologique, le mouvement contre les méga-bassines a, ces derniers mois, offert une prise. Si le peuple de l’eau, plus nombreux que jamais à braver les interdictions préfectorales, est allé de nouveau jusqu’au chantier de la bassine de Sainte-Soline le 25 mars ce n’était pas par goût inconsidéré du risque. Tout ce qui a été dit sur les soi-disant motivations obscures des manifestant·es par Darmanin et consorts avant et après la mobilisation est à cet égard une profonde insulte à l’engagement des 30 000 personnes qui se sont rassemblées samedi. Si depuis un an et demi, ces foules grandissantes ne se contentent plus de défiler mais recherchent des gestes ad hoc pour freiner concrètement certains chantiers, pour empêcher le pillage de l’eau ou des terres, c’est bien parce qu’il y a une urgence vitale à agir. Et ce sentiment d’urgence ne fera qu’augmenter tant que l’on continuera à construire dans ce pays des infrastructures dont les conséquences sont telles qu’elles incarnent une violence écologique et sociale qui n’est plus aujourd’hui tolérable.
Cet élan vital, Emmanuel Macron l’a accueilli samedi avec une pluie de grenades létales, 4000 en 2h. Alors que 30 000 personnes s’approchaient d’un trou grillagé que l’État avait transformé en symbole de son autorité, 200 personnes ont été percées d’éclats dans leurs chairs, 40 gravement. L’une a perdu l’œil, d’autres se sont faits arracher la mâchoire ou risquent de perdre le pied. Deux sont toujours aujourd’hui dans le coma, entre la vie et la mort. Comme à Malville face à la déferlante anti-nucléaire en 77 ou à Sivens en 2014 face à l’éclosion de Zads en divers endroits du pays, l’État français a choisi délibérément le 25 mars de se donner sciemment la possibilité de tuer. Ce 25 mars, le gouvernement Macron a tenté de faire taire un espoir politique par la mutilation de masse.
Il a ainsi affirmé brutalement que la montée en puissance du mouvement de défense de l’eau ne pouvait qu’être considérée comme un affront intolérable à son égard. Depuis des années, ce mouvement réitère pourtant les demandes d’ouverture d’un réel dialogue avec les habitant·es des territoires, les paysan·nes, les associations environnementales. La seule réponse gouvernementale à ces issues au conflit est la terreur. Cette violence sourde face au mouvement écologiste est la même que le gouvernement Macron a déployé pour mater les gilets jaunes en 2019 et aujourd’hui contre le peuple qui persiste à refuser sa réforme injuste des retraites. C’est aujourd’hui cette réduction du champ politique à la grenade, ces cowboys en roue libre en quad ou en moto qui vont jusqu’à inquiéter les institutions internationales. A cette violence de rue, Darmanin ajoute aujourd’hui la persécution légale des mouvements organisateurs avec l’engagement d’une procédure de dissolution à l’encontre des Soulèvements de la terre. De Sainte-Soline, ce week-end nous retenons heureusement aussi les tracteurs paysans qui déjouent les escortes de police, le camp qui surgit des champs au milieu du dispositif, les camarades des 4 continents, les animaux géants et les danses, la foule de tout âge qui serpente les champs à l’infini, son courage, sa solidarité inouïe face à l’adversité. Toute cette force est encore en nous et nous la retrouverons. Mais elle est aujourd’hui profondément entachée par les chairs mutilées, par ces vies encore en suspens. C’est pour nos blessé·es, pour leur rendre hommage, appui, pour que cela cesse qu’il y a un impératif à se retrouver de nouveau dans la rue. Non pas concentrés sur une même prairie cette fois. Mais partout dans le pays, devant les préfectures. Bien plus nombreux et nombreuses encore.
Alors que nous continuons à manifester contre la réforme des retraites, alors que nous continuerons à converger pour arrêter les méga-bassines, nous appelons à nous rassembler jeudi à 19h devant toutes les (sous)-préfectures. En soutien aux 2 manifestants dans le coma, aux blessées de Sainte-Soline et du mouvement des retraites, pour la fin des violences policières, pour la dissolution de la Brav-M et l’interdiction des grenades GM2L. Pour que celles et ceux qui étaient là de toute la France puissent dire et témoigner. Parce que le gouvernement est triplement coupable : d’avoir lancé des grenades létales, de l’avoir prémédité, et d’avoir ensuite obstrué l’arrivée des secours. Montrons-leur massivement jeudi que nous ne les laisserons pas étouffer l’espoir à coup de grenades. Que nous sommes là. Toujours.
Bassines Non Merci Confédération paysanne Les Soulèvements de la terre Les organisateurs de la mobilisation du 25 mars à Sainte-Soline et toutes les organisations sociales, syndicales, et associations qui souhaiterons s’y associer.
Rendez-vous mardi 28 mars place Leclerc à 14 heures.
APPEL DE L’INTERSYNDICALE DU MAINE-ET-LOIRE : A l’appel de l’ensemble des organisations syndicales et de jeunesse, la 9ème journée de mobilisation contre la réforme de retraites a encore réuni plus de 3 millions de manifestants, ce qui en fait l’une des plus importantes depuis le début du mouvement social. La jeunesse s’est aussi largement mobilisée. Massifs et déterminés, ces manifestations, ces actions intersyndicales, ces grèves et ces débrayages sont une réponse aux contre-vérités exprimées par le Président de la République et son entêtement incompréhensible. L’intersyndicale réaffirme que contrairement aux propos du président de la République, de nombreuses alternatives aux mesures d’âge ont été formulées. Aucune n’a été sérieusement étudiée. La responsabilité de la situation explosive n’incombe donc pas aux organisations syndicales mais bien au gouvernement. Alors que l’exécutif cherche à tourner la page, ce mouvement social et syndical pérenne et responsable, confirme la détermination du monde du travail et de la jeunesse à obtenir le retrait de la réforme. A l’issue d’un parcours parlementaire chaotique, au cours duquel le gouvernement a utilisé tous les outils constitutionnels à sa disposition permettant de limiter l’exercice démocratique, le texte de loi est à présent soumis au Conseil Constitutionnel. Dans ce cadre, l’intersyndicale lui adressera prochainement des contributions explicitant les raisons pour lesquelles cette loi doit être entièrement censurée. Face à l’absence de réponse de l’exécutif, Président de la République en tête, les organisations syndicales et de jeunesse, ont demandé publiquement une consultation citoyenne. Les parlementaires se sont saisis de l’outil constitutionnel à leur disposition et ont transmis un projet de Référendum d’Initiative Partagée au Conseil constitutionnel. Les organisations syndicales et de jeunesses sont prêtes à y prendre toute leur part dans le périmètre de leur représentation du monde du travail et de la jeunesse. Le puissant rejet social de ce projet est légitime et son expression doit se poursuivre. Revendiquant le retrait de la réforme des retraites, l’intersyndicale appelle les millions de travailleurs et travailleuses, les jeunes et les retraités à continuer de se mobiliser. Elle appelle à des rassemblements syndicaux de proximité ce week-end et à une nouvelle grande journée de grève et de manifestations mardi 28 mars partout dans le pays. L’intersyndicale se réunira mardi 28 mars au soir.
Lundi 27 mars, rassemblons-nous devant le Palais de justice d’Angers à 13h30. Se tiendra le procès en comparution immédiate de neuf jeunes hommes interpelés jeudi dernier lors de la manifestation contre le projet de réforme des retraites. Ils ont dû passer 48 heures en garde à vue puis ont été placés en détention provisoire pendant 2 jours en maison d’arrêt. Il apparaît que certains d’entre eux ont subi des maltraitances arbitraires de la part des forces de police (coups lors de l’interpellation), un témoignage en atteste. Ils font l’objet de chefs d’accusation aussi vagues que « délits commis en bande armée » mais très peu de griefs leur sont réellement reprochés individuellement (outrage à agent, renversement de poubelles, jet de projectiles… ) La Ligue des droits de l’homme et un journaliste de Ouest-France seront présents. Nous espérons recueillir à cette occasion d’autres témoignages auprès de personnes qui ont pu être témoins de leurs interpellations.
UN AUTRE MONDE EST NÉCESSAIRE Journée autour de la solidarité internationale et de l’accueil des personnes en exil.
APPEL POUR LE CONVOI SOLIDAIRE VERS LA GRÈCE
« Au cœur des luttes, la solidarité n’est pas seulement une nécessité pour les plus précaires. C’est aussi un moyen de donner à voir la société que nous désirons. Depuis plusieurs semaines, les moyens de nos collectifs solidaires autogérés à Athènes se sont asséchés. Les listes des besoins s’allongent de jour en jour, tant sur le plan alimentaire que dans d’autres domaines. Ces dernières années, nous n’avons pas ménagé nos efforts sur tous les terrains (squats, cuisines sociales, aides aux précaires grecs et migrants, aides aux compagnons de lutte réprimés, convois de fourgons solidaires…) aux côtés de dizaines de lieux partout en Grèce. Six mois après notre appel à soutien de décembre, nous sommes dans l’impérieuse nécessité de renouveler cet appel. Ici pour beaucoup, le mot d’ordre est devenu Tenir bon et continuer ! En attendant, nous faisons avec les moyens du bord. Des renforts ont déjà pris la route de France avec du chargement et d’autres sont attendus prochainement. Si vous le pouvez, merci de participer à cet appel avec un même objectif commun : ne plus subir les caprices du pouvoir, prendre nos vies en mains et montrer ce dont nous sommes capables ensemble, par-delà nos différences. » (Yannis Youlountas)
LISTE DES BESOINS ICI APPORTEZ VOS DONS DIMANCHE 2 AVRIL au Centre J. TATI (5 Rue Eugénie Mansion ANGERS) DE 14H30 À 18H30 ENTRÉE LIBRE
RENDEZ-VOUS JEUDI 23 MARS PLACE LECLERC À 14 HEURES
Dans un beau texte pour Mediapart, l’écrivain Nicolas Mathieu s’adresse à Emmanuel Macron et à son gouvernement :
« Savez-vous quelle réserve de rage vous venez de libérer ? » Aujourd’hui, à l’issue de cet épisode lamentable de la réforme des retraites, que reste-t-il d’Emmanuel Macron, de ce pouvoir si singulier, sorti de nulle part, fabriqué à la hâte, « task force » en mission libérale qui a su jouer du rejet de l’extrême droite et de la déconfiture des forces anciennes pour « implémenter » son « projet » dans un pays où si peu de citoyens en veulent ? Que reste-t-il de ce pouvoir, de son droit à exercer sa force, à faire valoir ses décisions, que reste-t-il de sa légitimité ? Bien sûr, au printemps dernier, des élections ont eu lieu, des scrutins ont porté un président à l’Élysée, des députés à l’Assemblée, une première ministre a été nommée, un gouvernement mis en place. Tout cela a été accompli dans le respect de la loi. Les institutions ont fait leur lourd travail de tri, d’établissement, et assis sur leurs trônes ces maîtres d’une saison. Bien sûr la République est toujours là, avec ses ors, son ordre vertical, sa police, son droit, ce roi bizarre à son sommet, une Constitution qui exécute ses caprices, des fondations qui plongent dans deux siècles et demi de désordres et de guerres civiles. La machine tourne, légale, indiscutable aux yeux des juristes, chaque rouage à sa place, placide sous le drapeau.
Mais la légitimité, elle, n’est pas d’un bloc. Elle se mesure, se compare, se soupèse. Que dire d’un président élu deux fois mais sans peuple véritable pour soutenir sa politique de managers, de faiseurs de fric et de retraités distraits, son régime de cadres sup et de consultants surpayés, un président élu deux fois avec les voix de ses adversaires, qui l’ont moins soutenu qu’utilisé pour faire obstacle au pire, un président qui n’a même pas eu droit à un quart d’heure d’état de grâce en 2022 ? Que dire d’une Assemblée sans majorité, arrivée un mois plus tard et qui dit à elle seule, par ses bigarrures, toute la défiance d’un pays, le refus large, immédiat, d’un programme, et des lemmings présidentiels qui s’étaient largement illustrés pendant cinq ans par leur suivisme zombique et un amateurisme qui aura été la seule vraie disruption de leur mandat ? Que dire d’un gouvernement qui porte des réformes auxquelles il croit à peine, qu’il fait passer au forceps du 49-3, qui cafouille et s’embourbe, infoutu de discipliner ses troupes, incapable d’agréger les alliés qui lui manquent ? Ce pouvoir est légitime comme la terre est plate, c’est-à-dire relativement à la place d’où on le regarde. Il est légitime comme je suis zapatiste, c’est-à-dire fort peu.
Que dire de ce pouvoir assis sur une noisette d’assentiment et qui gouverne comme après un plébiscite, méprise les corps intermédiaires, la rue, les salariés, l’hôpital, l’école, reçoit en pleine crise sociale Jeff Bezos pour le médailler alors qu’il n’aura pas daigné entendre ceux qui l’ont porté là ?Ce pouvoir, qui ne peut considérer le bien commun qu’au prisme de la performance collective, qui a substitué les nombres aux vies, qui confond dans sa langue de comité exécutif le haut, le bas, la droite, la gauche, le prochain, le lointain, qui ment sans honte et croit tout surmonter en « assumant », ce pouvoir est légitime comme la terre est plate, c’est-à-dire relativement à la place d’où on le regarde. Il est légitime comme je suis zapatiste, c’est-à-dire fort peu. Il est légitime comme Nixon après le Watergate, c’est-à-dire de moins en moins. Il est légitime mécaniquement, en vertu des textes et de la solidité de nos institutions, mais il a perdu ce qui donne vie à la vraie légitimité politique en démocratie : un certain degré d’adhésion populaire. Et ce dernier passage en force, ce 49-3 qui était prétendument exclu, s’il ne l’empêche pas de demeurer en place et de mener ses politiques, achève de le discréditer tout à fait.
De ce pouvoir, nous n’attendons désormais plus rien. Ni grandeur, ni considération, et surtout pas qu’il nous autorise à espérer un avenir admissible. Nous le laissons à ses chiffres, sa maladresse et son autosatisfaction. Plus un décret, une loi, une promesse ne nous parviendra sans susciter un haussement d’épaules. Ses grandes phrases, ses coups de menton, nous n’y prendrons plus garde. Ce pouvoir, nous le laissons à ses amis qu’il sert si bien. Nous lui abandonnons ses leviers, qu’il s’amuse. Son prestige n’est plus et nous avons toute l’histoire pour lui faire honte. Pourtant, malgré la consternation que nous inspire la situation actuelle, on rêve d’attraper par le bras un député ou une sénatrice, un directeur de cabinet ou une ministre, pour lui demander, dans un couloir, dans un murmure, un regard : « Vous rendez-vous compte ? Êtes-vous seulement conscients de ce que vous avez fait ? Savez-vous quelle réserve de rage vous venez de libérer ? Avez-vous pensé à ces corps pliés, tordus, suremployés, qui trimeront par votre faute jusqu’à la maladie, jusqu’à crever peut-être ? Avez-vous pensé au boulevard que vous avez ouvert devant ceux qui prospèrent sur le dépit, la colère, le ressentiment ? Avez-vous songé à 2027 et aux fins de mois dans les petites villes, les quartiers, aux électeurs hors d’eux et aux amertumes meurtrières, au plein d’essence et à la difficulté d’offrir des vacances à ses gosses, à ces gens si mal soignés, à ces enfants qui ne seront ni médecins ni avocats parce qu’en première ils n’ont pas pris la bonne option ? Savez-vous qu’ils vont mourir un peu plus et de votre main et qu’ailleurs, l’argent coule à ne plus savoir qu’en faire ?
Ces femmes dans les hôtels qui récurent les chiottes et font les lits, ces ouvriers en trois-huit, ces conducteurs en horaires décalés, les routiers, les infirmières, les assistantes maternelles, celles et ceux qui font classe à des enfants de 3, 4 ou 5 ans, les petites mains dans les papeteries, les employées dans leurs open spaces, stressées jusqu’à la moelle, déclassées par chaque nouvelle génération qui sait mieux le numérique et la vitesse, les hommes qui mourront tôt et leurs veuves, ces copains aux yeux lourds qui trinquent au bistrot après douze heures de taf, en bleu de travail, de la peinture ou du cambouis sur les pognes, et les femmes qui prennent le plus cher, une fois encore, parce que mères, parce que femmes, ces milliers de gens qui font des cartons dans les entrepôts Amazon, y avez-vous pensé ? Avez-vous vu que, comme vous, ils n’ont qu’une vie, et que leurs heures ne sont pas seulement les données ajustables d’un calcul qui satisfait votre goût des équilibres et les exigences arithmétiques des marchés ? Savez-vous qu’ils vont mourir un peu plus et de votre main et qu’ailleurs, l’argent coule à ne plus savoir qu’en faire ? Avez-vous pensé à ce monde sur lequel vous régnez et qui n’en pouvait déjà plus d’être continuellement rationné, réduit dans ses joies, contenu dans ses possibilités, contraint dans son temps, privé de sa force et brimé dans ses espérances ? Non, vous n’y avez pas pensé. Eh bien ce monde-là est une nappe d’essence et vous n’êtes que des enfants avec une boîte d’allumettes. Nicolas Mathieu
Nicolas Mathieu, né en 1978, a publié son premier roman, Aux animaux la guerre, en 2014, puis a écrit Leurs enfants après eux en 2018, qui lui a valu le prix Goncourt ( regarder son entretien à Mediapart ), et en 2022, il a publié Connemara (tous chez Actes Sud), pour lequel nous l’avions interviewé.
Rien de nouveau au beau pays des droits de l’homme : quand les pauvres se radicalisent, le pouvoir les brutalise. En réponse au mouvement de revendication salariale et statutaire des agents municipaux qui bloquent le centre de tri de déchets Biopôle depuis lundi 13 mars, l’Agglo… saisit le tribunal. Soyons nombreux à venir mardi 21 mars à 16 heures devant le palais de justice pour soutenir le camarade de Biopôle qui est convoqué en référé avec un risque de devoir payer 2500 € et 1000 € par jour à compter de mardi si le blocage du piquet de grève intersyndical n’est pas levé.
Depuis lundi 13 mars, plus aucun camion-benne n’entre ni ne sort du centre de tri des déchets à Saint-Barthélémy-d’Anjou. Les agents territoriaux en grève pour leurs salaires (gelés depuis… 2007 !) et contre la “réforme” des retraites en bloquent les deux entrées, soutenus par l’intersyndicale. Les déchets de toute l’agglo angevine s’accumulent dans les rues de toute l’agglomération angevine. Le maire d’Angers Jean-Marc Verchère a déposé un recours en référé contre un syndicaliste et afin de pouvoir avoir recours aux traditionnels briseurs de grève de l’État français, les forces de police. Il serait pourtant plus respectueux des habitants de l’Agglo et d’esprit plus démocratique qu’il entende les revendications salariales légitimes que portent tous les agents d’Angers Loire Métropole depuis de longs mois ! « Les salaires sont gelés depuis 2007. Quand on a l’a fait remarquer, on nous rétorque qu’il faut apprendre à mieux gérer son budget », peste Xavier Redon. « Ça ne passe pas », abonde Manuel Guérin, dix-sept ans de carrière dans la benne et responsable de la vie syndicale au sein de la CGT Territoriaux d’Angers. Les agents municipaux ne se sentent pas écoutés. « Nous avons demandé une hausse du chèque-déjeuner à hauteur de 10 €, nous n’avons obtenu qu’un peu plus d’un euro de plus. » Entre deux revendications, le sujet du 49.3, déclenché pour le projet de réforme des retraites, revient sur la table. « C’est passé en douceur », relève une manifestante, tout en sarcasme. Ce qui n’abat pas les agents, déterminés à continuer le blocage du site jusqu’à ce que leurs revendications soient entendues.
Voici ce qui vient d’être décidé par l’Intersyndicale départementale du Maine-et-Loire de ce jour : vendredi 17 mars
– Samedi 18 mars 2023 : rassemblement à 14h devant la préfecture.
– Mardi matin 21 mars 2023 : distributions de tracts / barrages filtrants :
à partir de 7h30 sur les 3 mêmes ronds-points que le mercredi 15 mars
rond-point Mercedes sur Orgemont,
rond-point Carré Cointreau sur Saint-Barthélémy
rond-point de l’Espace Anjou
à partir de 11h sur Écouflant (rendez-vous devant Scania)
– Mardi 21 mars à 16h devant le palais de justice pour soutenir le camarade de Biopôle qui est convoqué en référé avec un risque de devoir payer 2500 € et 1000 € par jour à compter de mardi si le blocage n’est pas levé !
– Jeudi 23 mars à 14 h manifestation place Leclerc
Rendez-vous mercredi 15 mars à 14 heures place Leclerc pour la suite du monde. Sans oublier d’apporter un petit kekchose pour soutenir les collectifs en lutte du côté d’Athènes. Nous tiendrons un nouveau point de collecte pour le convoi solidaire vers la Grèce à l’entrée du parking Leclerc côté jardin du Mail (de 13h30 à 14h30).
Le capitalisme nous contraint au travail toujours plus longtemps, toujours plus souvent, dans des conditions toujours plus dégradées… Prenons le temps de vivre et de lutter ! Hors du dernier carré macroniste et des représentants “responsables” de la gauche et de la droite du capital, le mot d’ordre de l’intersyndicale « Mettre le pays à l’arrêt à partir du 7 mars » met tout le monde d’accord. Comme en 2019, la mobilisation contre la réforme des retraites renferme une contestation plus générale des effets sur nos vies du travail, contraint, souvent discontinu, et mal payé. Qui a encore une « carrière complète » et sans interruption ? Qui veut ou peut encore, tout le long, travailler 40 heures par semaine, 47 semaines par an, pendant une quarantaine d’années ? De quel travail parle-t-on, et à quels droits ouvre-t-il ? Après 55 ans, près de la moitié des gens sont au chômage. Dans ces conditions, décaler de deux ans l’âge de départ à la retraite, ce sera prendre des bouts de boulot, ou sinon, s’arrêter avec une décote. Pour beaucoup ce ne sera pas tant travailler deux années de plus qu’attendre deux ans de plus coincés entre Pôle emploi, la CAF, et leurs logiques de contrôle et de sanction financière. Avant cela, pour une majorité de prolétaires, la précarité et l’irrégularité de l’emploi sont déjà la norme depuis longtemps. Le plein emploi précaire se nourrit de mises au pas, de radiations par Pôle emploi, et bien souvent de boulots de moins d’un mois, mal payés et n’ouvrant aucun droit. Si la réforme des retraites passait, il y aurait, selon les projections gouvernementales, 300 000 allocataires de plus (pension d’invalidité, ARE, ASS ou RSA), sans parler de celles et ceux qui n’auraient aucun droit deux ans de plus – du fait de la conjugalisation des ressources, entre autres.
Les salaires stagnent, les allocations de Pôle emploi sont sabordées par les réformes successives, et bientôt le RSA va être conditionné à une activité imposée à mi-temps De 2019 à 2022, les réformes de l’assurance chômage ont déjà baissé drastiquement les allocations et la durée d’indemnisation des chômeurs, tout en augmentant de 4 à 6 mois à temps plein le temps de cotisation nécessaire pour rouvrir des droits. En parallèle, le contrôle a été renforcé, visant à rendre la vie au chômage intenable et à obliger ainsi les chômeurs à accepter n’importe quel travail, dans n’importe quelles conditions. Le versement du RSA tend, quant à lui, à être conditionné à une activité imposée de 15 à 20h par semaine, sans droits et sans contrepartie : c’est la subordination, mais sans le salaire ! La contrainte sur la (re)mise au travail se généralise C’est ce que montrent bien les usages politico-administratifs des « secteurs en tension » dans plusieurs domaines d’intervention publique – même si ceux-ci sont définis par les patrons, en fonction de difficultés de recrutements qu’ils croient pouvoir anticiper à six mois. À Pôle emploi, si le dernier contrat relève des secteurs en tension (bâtiment, restauration par exemple), nous sommes plus souvent contrôlés, plus souvent contraints de se rendre à de pseudo-recrutements collectifs, et plus souvent radiés. S’agissant de la régularisation des sans-papiers par le travail, le projet de loi Darmanin, s’il était adopté, la verrouillerait doublement, à savoir à une seule année – soit le temps des Jeux Olympiques – et aux métiers des secteurs en tension. Au service des patrons, au bon vouloir de la préfecture.
Les prix explosent, les expulsions vont être accélérées Les difficultés pour se loger sont déjà massives, la part des loyers sur les revenus, et plus largement les charges contraintes, sont en accroissement constant. Dans ce contexte le gouvernement a fait passer la loi Kasbarian : les procédures d’expulsions seront accélérées et élargies, accompagnant la répression accrue sur l’occupation de logements vacants. Les prix explosent, et vont continuer d’augmenter pendant plusieurs mois encore. Face à cette situation, des collectifs s’organisent et passent à l’offensive dans plusieurs départements Quelle que soit notre situation actuelle, salariés plus ou moins précaires, avec ou sans papiers, ou bien au chômage, et quelles que soient les raisons pour lesquelles nous sommes au chômage, nous revendiquons d’avoir plus, sans condition, et pour toutes et tous !
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